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Eradiquer Diabrotica, l'insecte ravageur du maïs L'insecte, originaire d'Amérique, colonise l'Europe centrale. Détecté dans la région parisienne en 2002, puis dans le sud de l'Alsace en 2003, il fait l'objet d'une vigoureuse campagne de destruction. Mais la menace d'invasion subsistera tant que des foyers européens existeront. La mobilisation générale a sonné contre Diabrotica virgifera virgifera, chrysomèle du maïs. Cet insecte ravageur, originaire d'Amérique, peut occasionner des dégâts considérables à cette céréale, dont les racines font les délices des larves du coléoptère. Détecté pour la première fois en Europe en 1992, près de l'aéroport de Belgrade, celui-ci a, depuis, envahi une partie de l'Europe centrale et ne cesse de progresser. Affectionnant les soutes des avions, il a été piégé en France pour la première fois en août 2002, autour des aéroports parisiens de Roissy, d'Orly et du Bourget (288 individus au total). A l'été 2003, il a été détecté à Blotzheim, dans le sud de l'Alsace, où 9 individus ont été capturés . Invasion en apparence modeste. Qui mobilise cependant les services de la protection des végétaux, les scientifiques et la profession agricole, comme en témoigne l'affluence à un colloque intitulé "Comment contenir Diabrotica", organisé, mardi 3 février, à Colmar par Arvalis, un institut technique agricole. Si l'intitulé ne se terminait pas par un point d'interrogation, c'est parce que, a rappelé Thierry Klinger, directeur général de l'alimentation, "l'objectif clair est l'éradication. Il peut être atteint". UN MILLIARD DE DOLLARS Les autorités ont mis sur pied un plan d'éradication de la chrysomèle au lendemain de sa détection, avec pulvérisations par hélicoptère, traitements insecticides, interdiction de ressemer du maïs dans les zones concernées dans les deux ou trois années suivantes et surveillance renforcée du "foyer" du territoire (800 pièges en 2003). Avec un certain succès, puisqu'en 2003, Diabrotica n'a été repérée en Ile-de-France que sur des parcelles mises en jachère où des repousses accidentelles de maïs étaient apparues - alors que leur arrachage était obligatoire... Diabrotica, qui figurait sur la liste des 140 "insectes de quarantaine" indésirables, est précédée d'une terrible réputation. Aux Etats-Unis, on l'a baptisée "l'insecte à 1 milliard de dollars". Les agriculteurs hongrois en savent quelque chose. "La Hongrie n'a aucune chance d'éradiquer Diabrotica, reconnaît Ibolya Hatale-Zsceller, du service de protection des végétaux de Budapest. La pression est continue sur la frontière sud. Notre but est de retarder l'invasion et les dommages économiques." En Italie aussi, le petit coléoptère semble installé, même si, en 2003, il n'a pas occasionné de dégâts réels, selon Lorenzo Furlan (université de Padoue). Pour lui, la stratégie la plus efficace semble être l'arrêt de la monoculture du maïs et le traitement insecticide des adultes. Mais il redoute les "effets collatéraux sur l'environnement". Pour les agriculteurs alsaciens, l'irruption de Diabrotica fait figure de cataclysme. Dans la zone concernée, le Sundgau, le maïs représente en effet 60 % à 70 % des surfaces arables. Son remplacement ne va pas de soi. Après l'alerte, il a fallu traiter 6 000 hectares par hélicoptère, ce qui a irrité nombre de riverains et d'associations de protection de l'environnement, méfiantes vis-à-vis des insecticides utilisés. Selon Didier Lasserre, d'Arvalis, Diabrotica devrait coûter en 2004 et 2005, 3,4 millions d'euros aux agriculteurs alsaciens et 1,4 million d'euros aux transformateurs. Encore la zone mise en quarantaine ne porte-t-elle que pour moitié sur le territoire français. Le cercle centré sur Blotzheim couvre une partie des territoires allemand et suisse. En Allemagne, assurent les autorités, aucun insecte n'a été piégé. Les regards convergent vers la Suisse, où la lutte contre l'insecte est moins intensive. "Il est irritant de se dire que les efforts faits ici pourraient être anéantis par les négligences de nos voisins", avance Thierry Klinger, qui a rencontré ses homologues helvètes. LES MUTANTS Les agriculteurs souhaiteraient des réponses rapides sur les meilleures stratégies de lutte et sur la vraie nature de l'envahisseur. Un "variant", capable de pondre dans les champs de soja est en effet apparu dans plusieurs Etats américains. Il déjoue les stratégies de rotation des cultures. On ignore encore si c'est bien ce mutant qui a envahi l'Europe. Les rares études génétiques entreprises n'ont pas encore abouti. A l'INRA, Denis Bourguet, chargé de coordonner une nouvelle analyse, craint que les outils du génie génétique ne soient pas assez puissants pour trancher rapidement. "Si l'éradication ne devait pas marcher, nous aurions de toute façon gagné un temps précieux pour mettre au point des techniques de lutte raisonnée,estime Philippe Reynaud, responsable de la lutte contre Diabroticaau service de la protection des végétaux. Mais on ne sera jamais à l'abri de nouveaux foyers." Gene Sandanger, un producteur de maïs du Minnesota, est venu vanter une solution toute simple pour contrer le bug avec lequel son père a dû cohabiter avant lui : semer du maïs OGM anti-Diabrotica produit par Monsanto. |
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