FIEVRE
APHTEUSE La maladie
La
fièvre aphteuse est une maladie qui touche les espèces
animales à deux onglons, cest à dire, pour ce qui
concerne les animaux domestiques de nos latitudes :
les bovins, les ovins, les caprins et les porcins. Elle
touche également les animaux sauvages à deux onglons (cervidés,
etc.)
Linfection se fait par les voies
respiratoires.
Dans une première phase, qui dure deux à trois
jours lanimal est fiévreux et abattu.
Puis apparaissent des aphtes sur les parties à
peau fine : muqueuses de la bouche, espace entre les
onglons, trayons de la mamelle. Les aphtes se rompent en
quelques heures et donnent des ulcères.
La maladie se termine quelques fois par la mort
chez les adultes et assez fréquemment chez les jeunes ;
elle est très élevée chez les porcelets, les agneaux
et les chevreaux à la mamelle.
La maladie guérit progressivement après
amaigrissement et arrêt fréquent de la lactation chez
les femelles ; elle laisse souvent des séquelles définitives
telles que dégénérescence du myocarde pouvant entraîner
une mort secondaire ou une perte définitive de valeur économique
(animal improductif).
Ce nest donc pas une maladie anodine. Lanimal
peut rester porteur sain du virus au niveau du pharynx
pendant plus de huit mois. Lorsquelle frappe
un troupeau jusqualors indemne elle touche une très
forte proportion des animaux : 60%, 75%, ou plus.
La maladie est dune infectiosité redoutable ;
elle est donc susceptible de causer des pertes économiques
considérables, si elle gagne un grand nombre de
troupeaux dune région ou dun pays. Ces
pertes économiques justifient les mesures de protection
prises par la plupart des Etats.
Le virus
Variabilité
Le
virus comprend sept «souches» : les sérotypes A,
O, C, Asia, SAT 1, SAT 2, SAT 3. Ces sept sérotypes
comprennent un grand nombre de sous-types qui sont eux-mêmes
en variation continue.
En effet le matériel génétique du virus est très
instable : lorsque le virus se multiplie une
mutation intervient une fois sur deux ! Malgré les
mutations létales on aboutit à ce quaucun virus nest
sans doute identique à un autre.
Cette très grande variabilité entraîne des difficultés
de deux ordres :
difficultés du diagnostic sérologique ;
difficultés de la vaccination : à lintérieur
dun sérotype, le sous-type ayant servi à
fabriquer le vaccin peut être suffisamment éloigné du
virus sauvage contre lequel on cherche à se prémunir ;
ça a été le cas en Iran en 1999 par exemple.
Dissémination et
contamination.
Le
virus est résistant à de nombreux agents physiques et
chimiques. De ce fait il est très résistant dans le
milieu extérieur. Sur terre il se propage par voie aérienne
dans un rayon de 10 kilomètres. Au-dessus de la mer il
peut se propager, si les conditions dhumidité et
de vent sy prêtent, sur de longues distances (280
kilomètres entre la France et lAngleterre en 1981).
Heureusement il existe dans le commerce des désinfectants
efficaces.
La durée dincubation est comprise le plus souvent
entre 2 et 7 jours, mais on a pu constater des extrêmes
de 36 heures et de 20 jours. La durée courte de lincubation
permet à la maladie de se répandre très rapidement
mais les quelques cas dincubation longue nécessitent
de ne pas relâcher la vigilance trop tôt après le
dernier foyer.
Lexcrétion du virus dans le milieu extérieur
par lanimal infecté commence dans les 48 heures précédant
lapparition des aphtes ; le pic de lexcrétion
intervient dans les quelques heures qui précèdent et
qui suivent lapparition des aphtes. Les animaux
infectés sont donc contaminants avant même quon
puisse le savoir.
Parmi les matières virulentes les plus fréquentes
on compte : lair expiré, les urines, les matières
fécales, la salive, le lait non pasteurisé, la viande
congelée trop tôt après labattage (avant lacidification
qui intervient avec la maturation).
Les bovins et les ovins rejettent dans lair
jusquà 500 000 virus par vingt-quatre heures. Les
porcs jusquà 2000 fois plus ; cette espèce
est donc la plus contagieuse et la plus dangereuse pour
la diffusion de la maladie.
La contamination se fait aussi indirectement, par lintermédiaire
de tous les vecteurs animés (hommes, animaux non
sensibles) et inanimés (véhicules et produits divers)
qui ont été en contact avec le virus et qui lui servent
de support physique.
La fièvre aphteuse
et lhomme.
La
fièvre aphteuse est transmissible à lhomme mais
très rarement, lespèce humaine étant très résistante
au virus. Le plus souvent la transmission se fait par
contact étroit avec les animaux, par lintermédiaire
de petites blessures ou érosions de la peau. La
transmission peut avoir lieu par le lait non pasteurisé
(en cas dapparition dun foyer tout le lait
des élevages de la zone de surveillance, instaurée dans
un rayon de 10 kilomètres, est obligatoirement pasteurisé).
Aucun cas de transmission à lhomme par la
consommation de viande na été rapporté.
Les symptômes chez lhomme se manifestent par
de la fièvre, des maux de tête et de lanorexie,
puis par lapparition daphtes à la bouche,
aux mains ou aux pieds. La cicatrisation intervient en
une à deux semaines. La maladie ne laisse pas de séquelles.
Des symptômes semblables sont provoqués par
plusieurs autres maladies. Il convient donc de faire procéder
à des analyses de laboratoire avant de pouvoir
incriminer la fièvre aphteuse. Il semble que certaines
affirmations péremptoires ne respectent pas toujours ce
principe de prudence.
Bref historique de
la maladie en France.
La
fièvre aphteuse est une maladie très ancienne décrite
pour la première fois en 1764. Elle a fait régulièrement
des ravages dans lélevage français tout au long
des XVIIIème et XIXème siècles et jusquà la
moitié du XXème.
Lépidémie de 1952 a touché 340 000 élevages
français. Ceux qui lont vécue sen
souviennent comme dun cauchemar et en gardent des
images véritablement « dantesques ».
Aussi les pouvoirs publics et les organisations déleveurs
ont-ils entrepris déradiquer cette maladie, endémique
depuis plusieurs siècles dans notre pays.
En 1955 la vaccination volontaire des troupeaux de
bovins est subventionnée.
En 1961 la vaccination de tous les bovins de plus
de quatre mois est rendue obligatoire.
En 1962 est rendu obligatoire labattage des
animaux des espèces sensibles dans un foyer (foyer = élevage
atteint).
En 1963 le nombre de foyers de la maladie est tombé
à moins de 100 par an. Les derniers cas autochtones ont
lieu avant la fin des années soixante. Après quoi la
France na connu que trois épisodes épidémiques (1974,
1979, 1981) ayant tous leur origine dans un virus importé.
Les mesures de protection drastiques (isolement des
foyers et abattages des animaux des espèces sensibles présents
dans ces foyers) mises en place ont permis de les juguler
rapidement.
En 1991 linterdiction de la vaccination est
intervenue en France.
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