Pourquoi l'interdiction de la vaccination ?
En
1991, la Communauté européenne a décidé darrêter
la vaccination, au vu :
Darguments
sanitaires : en 1989 le territoire communautaire était
indemne de fièvre aphteuse depuis presque 10 ans. En
outre, sur 34 foyers primaires déclarés en Europe entre
1977 et 1987, 13 étaient liés à la diffusion de virus
échappés des laboratoires ou à des vaccins mal inactivés
(cest-à-dire à la pratique même de la
vaccination).
Darguments
économiques : dans un rapport de la Commission Européenne
en date de 1991, le coût de la vaccination a été estimé
à 1135 millions décus contre un coût de 35
millions décus en cas de non-vaccination (calcul
effectué sur lhypothèse de 13 foyers primaires
pour une période de 10 ans).
Darguments
commerciaux : la vaccination entraîne la présence danticorps
vaccinaux non différentiables des anticorps post-infectieux,
en outre, les animaux vaccinés sont susceptibles dhéberger
de manière inapparente du virus aphteux et représentent
donc un risque important pour les cheptels non vaccinés.
Elle entraîne des restrictions commerciales lourdes lors
des échanges avec des pays qui ne vaccinent pas. Labsence
de vaccination est donc une condition de la liberté des
échanges danimaux et de leurs produits entre les
pays.
Un
retour de la vaccination ?
Par ailleurs, le risque de réapparition de la maladie
sur le territoire national est lié à un risque à limportation.
Or, la vaccination des seuls bovins, qui représentent la
moitié des effectifs des animaux sensibles à la fièvre
aphteuse, ne diminuerait que faiblement le risque dapparition
de foyer. En outre, le vaccin utilisé qui protège
contre certaines souches nempêche pas linfection
liée à dautres souches. Aussi, lélimination
des animaux contaminés en cas de réapparition de la
maladie reste la méthode la plus efficace car elle
permet de tarir complètement la source de virus ; cette
élimination devant être la plus précoce possible pour
éviter la diffusion de la maladie.
Le retour à une politique de lutte basée sur la
vaccination (prophylaxie médicosanitaire) représenterait
donc un changement majeur dans la stratégie de lutte
contre cette maladie qui semble pour linstant peu
envisageable.
Il faut en effet
distinguer la vaccination préventive de la vaccination durgence.
La vaccination préventive est mise en place dans le
cadre dune prophylaxie médicosanitaire sur tout ou
partie du territoire et sur tout ou partie des espèces
sensibles. Cette stratégie de lutte contre la fièvre
aphteuse nest pas scientifiquement justifiée et
entraînerait des restrictions commerciales très
importantes pendant plusieurs années ainsi que des
obstacles majeurs à la circulation des produits à lintérieur
de lUnion Européenne. En effet une vaccination préventive
pourrait masquer une circulation du virus sur le
territoire national.
Pour être efficace, la vaccination contre
la fièvre aphteuse doit, comme toute vaccination :
- être réalisée annuellement, afin dobtenir une
immunité correcte dans une population donnée (la
vaccination est plus efficace à partir de la 2e
injection)
- concerner au moins 75 à 80 % de la population.
La vaccination préventive na jamais été pratiquée
chez toutes les espèces sensibles, notamment chez les
porcs qui ont une faible durée de vie et pour lesquels
il aurait fallu plusieurs campagnes de vaccination
annuelles. Cet argument est toujours dactualité.
La vaccination des seuls bovins, qui représentent la
moitié des effectifs des animaux sensibles à la FA, ne
diminue que faiblement le risque dapparition de
foyer, la preuve en est que la dernière épizootie française
de 1981 sest déclarée sur des porcs alors que la
France vaccinait encore ses bovins.
Aussi, lélimination des animaux contaminés en cas
de réapparition de la maladie, certes traumatisante pour
les éleveurs et lopinion, reste la méthode la
plus efficace car elle permet de tarir complètement la
source de virus. Cette élimination doit être la plus précoce
possible pour éviter la diffusion de la maladie et peut
donc concerner, comme cest le cas en France, des
animaux qui ne présentent aucun signe de maladie mais
qui sont susceptibles dêtre contaminés.
Aussi bien la FNSEA que la Confédération Paysanne se
sont prononcées contre la mise en place dune
politique de vaccination préventive, qui ne peut se
justifier que pour lutter contre une présence endémique
de la maladie. Avant son interdiction, la vaccination préventive
concernait chaque année plusieurs millions de bovins en
France ; elle constituait donc une source dactivité
et de revenu importante pour certains laboratoires et
pour les vétérinaires ruraux ; il est bien normal
que certains en aient gardé la nostalgie.
La vaccination durgence pourrait être mise en
place, sur autorisation de la Commission Européenne,
avec pour objectif de limiter lextension de la
maladie lorsque labattage préventif des animaux ne
peut être réalisé suffisamment rapidement, le principe
étant que les animaux vaccinés soient abattus dès que
les moyens humains et matériels seront disponibles (puisquils
ne peuvent plus être différenciés par des analyses sérologiques
des animaux infectés). Il sagit donc dune
mesure ultime pour freiner la propagation de la maladie.
Le dispositif de
lutte prévoit toutes les mesures à appliquer en
fonction de lévolution de la maladie.Si les foyers
sont limités et ne concernent que les ruminants, il faut
privilégier les mesures sanitaires dabattage des
foyers cliniques et mettre en uvre un abattage à
titre préventif des élevages les plus exposés à linfection.
Si beaucoup danimaux sont affectés cliniquement,
si plusieurs foyers sont identifiés en un temps court,
si linfection survient dans une zone de forte
densité avec beaucoup délevages en périphérie
du ou des foyers, la vaccination durgence peut être
une mesure facilitant la maîtrise du risque. Dans ce cas
les conditions de vaccination doivent être adaptées à
la situation épidémiologique. Ces vaccinations en
anneau sont bien entendu réalisées dans un périmètre
restreint autour des foyers.
Cette vaccination a pour objectif de diminuer la vitesse
de propagation de lépizootie. Elle permet
seulement de disposer de plus de temps pour abattre les
animaux dans plusieurs exploitations.
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